Empereur romain et philosophe stoïcien né à Rome. Il meurt, atteint d’une maladie épidémique qui décima son armée, à Sirmium, sur les bords de la Save, ou à Vindobona, sur les bords du Danube, aujourd’hui Vienne. Il est l’auteur de Pensées pour moi-même, un livre de méditations et de confidences personnelles où, vieilli et malade, il livre ses inquiétudes et révèle son désir de faire le bien. La vie en elle-même n’est ni un bien ni un mal, elle n’est qu’un lieu où le bien et le mal se produisent. Il peut être bien de vivre et être mal de mourir ou inversement. Ainsi, il trouve tout à fait raisonnable et même socialement recommandable de s’en aller de cette vie, sereinement, dès que l’on ne peut plus mener à bien ses projets: «La vie que tu projettes de vivre une fois sorti d’ici-bas, tu peux ici même la vivre. Si toute liberté* ne t’est point laissée, sors alors de la vie, mais toutefois en homme qui n’en souffre aucun mal. De la fumée, et je m’en vais. Pourquoi considérer ceci comme une affaire? Mais tant que rien de pareil ne me chasse, je reste libre et rien ne m’empêche de faire ce que je veux. Or, je veux ce qui est conforme à la nature d’un être raisonnable et sociable» (Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, Paris, Garnier-Flammarion, 1964, v, 29, p. 91). Derrière la pensée de Marc Aurèle se profile l’idée de la mort opportune et de la relativité de la valeur de la vie. «Les choses humaines ne sont que fumée et néant» (x, 31, p. 170). Ce qui est important, c’est la vie morale, ce sont la bonté et la rectitude de la conduite. Si celles-ci commencent à faire défaut, on peut décider de quitter cette terre ou s’amender: «Cela dépend absolument de toi. Qui donc t’empêche, en effet, d’être bon et droit? Tu n’as qu’à décider de ne plus vivre, si tu ne dois pas être un tel homme, car la raison n’exige pas que plus longtemps tu vives, si tu n’es pas un tel homme» (x, 32, p. 170). L’empereur philosophe veut être prêt à tout instant à sortir tranquillement de cette vie, sans faire de vagues, mais avec la noblesse de la raison, peu importe le destin posthume qui l’attend. «Quelle âme que celle qui est prête, à l’instant même s’il le faut, à se délier du corps, que ce soit pour s’éteindre, se disperser ou survivre! Mais le fait d’être prêt doit provenir d’un jugement personnel et non, comme chez les chrétiens, par fanatisme. Qu’il soit raisonné, grave, et, si tu veux qu’on te croie, sans pose tragique» (xi, 3, p. 178). Sur le livre des Pensées, lire le chapitre xvi d’Ernest Renan, Marc Aurèle ou la fin du monde antique, Paris, lgf, «Livre de poche», 1984, p. 153-174.
IMAGE
Mar-cAurèle par Vien (1716-1809)