«Pietà», piété ou compassion*, qui signifie le partage de la souffrance d'autrui, est le terme utilisé pour désigner les représentations de Marie, au centre d'une composition sculpturale ou picturale, tenant dans ses bras ou portant sur son giron le corps inanimé de son fils.
«La Pietà d'Enguerrand Quarton, vers 1460, donnera l'image saisissante de cette nouvelle sensibilité née de la devotio moderna qui, déplaçant le Trône du Père, [...], installe en son lieu la Mère, au centre de la composition, pour veiller le corps tétanisé de son fils». (Jean Clair, «Deuil* et féminité*: l'iconographie de la Pietà dans la tradition chrétienne» dans L. Anvar, et al., Les femmes, l'amour et le sacré, Albin Michel, «Rencontres, 2010, p. 26-27)
Pietà d'Enguerrand Quarton
La mystique populaire, d'abord en Bohème, puis en Allemagne, dans les cercles mystiques rhénans et en particulier dans les couvents de femmes, notamment chez Mechtild von Hackeborn, ont investi la figure féminine, par excellence, de la Passion d'une sensibilité humaine empreinte de tendresse et d'affection. Elle a rendu visible et tangible dans toute l'expressivité de sa chair, la souffrance maternelle de Marie à l'égard de son Fils, mortel et impuissant (souvent dans la Pietà le bras de Jésus pend à la verticale).
Dans sa célèbre, Pietà, Giovanni Bellini (entre 1425 et 1433 -1516) peint Marie en «vieille femme à la peau ridée, résignée. docile, tandis qu'autour d'elle le monde reverdit, le printemps refleurit. Les cinq plaies du Christ sont nettement désignées: celles des bras et des jambes, celle du flanc droit, percé au coeur par la lance.» ( op. cit., p. 28)
De Michel- Ange Buonarroti (1475-1564), nous connaissons peut-être davantage la pietà de la basilique Saint-Pierre à Rome. La
Pietà Rodanini cependant, du même artiste et commencé en 1552, est une oeuvre plus achevée que l'on prétend généralement. C'est d'ailleurs l'avis de Jean Clair: «Je pense que l'intention de Michel-Ange était précisément de fondre le corps du Fils au corps de la Mère, d'en faire un seul et même corps, un même fût. Comme si, à la volonté patriarcale et cruelle d'exposer le
martyre* et le
sacrifice* sur la croix, [...] se substituait la présence douce d'une mère et de sa
compassion* charnelle.» (
op. cit., p. 31)
Consulter
http://www.insecula.com/oeuvre/O0007351.html
Sur ce site, on trouvera l'image et la description de nombreuses pietà parmi lesquelles celles de Gérard David, Pietro di Cristoforo Vannucci (Le Pérugin), Giovanni Battista di Jacopo (Rosso Fiorentino), Quentin Metsys, Petrus Paulus Rubens, Gustave Moreau, Guillaume Ier Coustou.
http://maramar.blogs.sapo.pt/108383.html
Sur ce site, on peut admirer une cinquantaine de pietà anciennes et modernes, entre autres de Michelange (1475-1564), William Blake, 1795, Bellini (1430-1516), Paula Rego, 2002, El Greco (1541-1614)
IMAGES
Pietà d'Enguerrand Quarton:
< http://www.louvre.fr/media/repository/ressources/sources/illustration/atlas/image >
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Pietà Rondanini de Michel-Ange
< http://s772120l.lyc.ac-creteil.fr/guppy/img/VoyageRome2007/Pieta_Milan.jpg >